Peter Kofferschläger, menuisier de formation, fonda en 1935 la Jeunesse ouvrière catholique à La Calamine et devint plus tard le secrétaire permanent de cette organisation. Dans l’entre-deux-guerres, il prend également l’initiative de réorganiser la Ligue des travailleurs chrétiens. De 1938 à 1940 et de 1945 à sa mort, Kofferschläger fut aussi bourgmestre de La Calamine. Comme il était fortement enraciné dans le mouvement ouvrier chrétien et qu’il affichait une attitude contestataire durant l’entre-deux-guerres, il fut arrêté par la police d’État allemande pendant la guerre et déporté au camp de concentration de Buchenwald.
Peter Kofferschläger a été membre de la Chambre de 1946 à 1960 et donc le premier député d’après-guerre des Cantons de l’Est. Il a également été pendant un certain temps vice-président du parti chrétien-social à la Chambre. Il s’y présenta – avec le même zèle que son collègue de parti, le médecin eupenois Dr. Joseph Baltus au Sénat – comme un défenseur résolu des Cantons de l’Est et stigmatisa les abus qui y régnaient – notamment la dureté de l’« épuration » politique ressentie comme injuste et la répression de la langue allemande après la Seconde guerre mondiale. En outre, il se prononça en faveur d’une indemnisation égale des « incorporés de force » dans la Wehrmacht, qui devaient cependant attendre encore deux décennies avant de voir leurs problèmes résolus. Il ne cessa d’insister sur la réparation des dommages de guerre dans les Cantons de l’Est et sur la reconnaissance des 8 000 « incorporés de force », dont il défendit les intérêts au Parlement.
La personnalité de Kofferschläger permet de comprendre à quel point la cohabitation a été conflictuelle entre 1920 et les années 1970 dans l’actuelle Belgique de l’Est, et qu’il n’est pas possible d’avoir une vision en noir et blanc des changements de cette époque. Kofferschläger, qui avait particulièrement souffert du régime national-socialiste en tant que détenu dans un camp de concentration, s’est engagé après la guerre pour le respect de la culture et de la langue allemandes en Belgique. Ce n’était pas du tout la tendance générale de l’époque. Il est représentatif d’une société d’après-guerre qui, pour parvenir à une meilleure cohabitation, avait avant tout besoin d’une chose : de la compréhension pour les comportements des uns et des autres.
Source
Heinz Warny, « Peter Kofferschläger, aus Kelmis für die Ostkantone », in Grenz-Echo, 26.02.2016.