La liberté de la presse a ainsi pu être considérablement réduite. Les journaux allemands ne pouvaient plus être diffusés et les rédacteurs trop favorables à l’Allemagne étaient remplacés. Parallèlement, on fit de la publicité pour la nouvelle patrie en investissant dans la construction d’écoles, d’églises, de barrages et autres, ou en encourageant de nouveaux secteurs économiques. Le gouvernement transitoire s’efforça également de respecter la langue et la culture allemandes.
Mais une certaine désillusion s’installa dans l’opinion publique belge lorsqu’on s’aperçut que les « frères retrouvés » ne parlaient que la langue de l’ancien ennemi allemand, ne comprenaient guère le français et étaient plutôt réservés vis-à-vis de la Belgique.
Par ailleurs, il existait différents groupes d’opinion au sein des partis belges : Le parti socialiste militait pour un nouveau référendum démocratique. Les politiciens des partis conservateurs réclamaient une francisation des nouveaux citoyens. La langue française devait être introduite progressivement dans les écoles et dans l’administration. Cette attitude fondamentale provenait de cette pensée coloniale largement répandue au tournant du siècle, qui associait la souveraineté à l’imposition de valeurs, d’une culture et d’une langue propres.
Après son intégration dans l’État belge, les actuels Cantons de l’Est devinrent une composante à part entière de l’État belge. Celui-ci possédait déjà depuis 1830 une constitution très libérale et était une démocratie progressiste. Le gouvernement ne poursuivit cependant pas sa politique d’intégration. Ainsi, à partir de 1925, des ministères allemands encouragèrent la culture, la presse et l’économie allemandes dans les Cantons de l’Est. En 1929, 75% des électeurs de la région votèrent pour des partis qui prônaient un nouveau référendum et un retour à l’Allemagne.
Après l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne en 1933, le soutien des groupes d’opinion pro-allemands a été remplacé par la propagande nationale-socialiste. La population était divisée. D’un côté, il y avait les groupes d’opinion qui s’étaient installés dans la nouvelle patrie, la Belgique, et de l’autre, les groupes d’opinion qui militaient pour un retour dans l’ancienne patrie, l’Allemagne, et qui, à partir de 1936, furent de plus en plus pris dans l’engrenage de la vision du monde nationale-socialiste. Cette vision de l’histoire s’est également installée dans la mémoire collective.
Du point de vue actuel, l’État belge s’est efforcé d’assurer une intégration qui n’a toutefois pas abouti, notamment en raison de la propagande allemande. La Belgique n’a pas suffisamment tenu compte des intérêts de la population. L’État a omis d’accepter la culture allemande de la nouvelle minorité comme faisant partie de l’État belge et de la promouvoir activement. De plus, l’État de droit belge se trouvait confronté à la question de savoir quels instruments démocratiques il pouvait utiliser contre les personnes qui s’opposaient à lui.
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Adeline Moons -
Jeroen Petit
Leur avis :
« En Flandre et en Belgique, il y a eu des tendances similaires après la séparation du royaume uni des Pays-Bas. Il y avait – et il y a encore aujourd’hui – des gens qui sont pour une réunification de la Flandre, ou de toute la Belgique, avec les Pays-Bas, pour former ainsi le ‘Dietsland’. Ces personnes sont appelées ‘Dietsländer’. En Flandre, ces personnes ne représentaient toutefois qu’une petite minorité. Dans les Cantons de l’Est, beaucoup plus de gens étaient favorables à une appartenance à l’Allemagne. Il y a probablement dans chaque région qui a fait partie d’un autre pays des gens qui sont nostalgiques de leurs anciens souverains. »