Les élèves de la promotion 2018 de l’école épiscopale de Saint-Vith ont relevé ce défi. Dans le cadre d’un projet dirigé par leur professeur Norbert Nicoll, ils ont examiné d’un peu plus près le mouvement e-sports dans les Cantons de l’Est. Des documents d’auto-observation importants ont ainsi vu le jour :
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Qu’est-ce que l’e-sport ?
L’e-sport (ou sport électronique) est défini comme une compétition sportive entre personnes à l’aide de jeux informatiques. Le mode multijoueur est utilisé pour permettre aux joueurs de se mesurer les uns aux autres. Bien entendu, comme pour tout autre sport, il existe des règles. On fait souvent la distinction entre les manches qui sont disputées pour le plaisir et les compétitions professionnelles. Les règles sont définies par le logiciel, c’est-à-dire par le jeu lui-même, et par des règlements de compétition externes, c’est-à-dire des règles établies par l’organisateur de la compétition.
Les deux principales plates-formes utilisées pour les compétitions sont l’ordinateur et la PlayStation. Il est important de noter que lors d’une compétition professionnelle, le matériel est le même pour tous les joueurs. Personne n’est avantagé par une meilleure connexion réseau ou un ordinateur plus puissant.
Dans la catégorie professionnelle, les jeux d’équipe sont presque les seuls à être représentés. Les clubs et les groupements exigent des sportifs électroniques non seulement qu’ils maîtrisent le jeu, mais aussi qu’ils fassent preuve de diverses aptitudes motrices et mentales. Ces aptitudes comprennent la vitesse de réaction, la persévérance, la réflexion spatiale, un bon sens de l’orientation, des connaissances tactiques et pratiques du jeu et une bonne vision d’ensemble du jeu. Cependant, si vous jouez en équipe, ce qui est presque toujours le cas, vous devez être capable de vous adapter et d’avoir l’esprit d’équipe.
Outre la vitesse de réaction, la capacité la plus importante est la coordination main/œil. Les sportifs électroniques doivent réagir en une fraction de seconde. Les joueurs sont soumis à une forte pression, tout comme dans n’importe quel autre sport. Le genre e-sports n’est pas encouragé partout. De nombreux pays asiatiques ont déjà reconnu les e-sports comme un sport et proposent des formations et des « bootcamps ». Les bootcamps sont comparables à des camps où les joueurs sont entraînés et encouragés.
Arsen Karapetyan
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E-Sports East Belgium
L’association E-Sports East Belgium a été créée le 19 mai 2017. Les membres de l’association ont ensuite participé à diverses compétitions sous ce nom. Le 31 janvier 2018, l’association a été inscrite au registre national belge. L’association E-Sports East Belgium y est inscrite en tant qu’association sans but lucratif.
Kevin Parmentier, le fondateur d’E-Sports East Belgium, souhaite par cette initiative motiver les jeunes sportifs électroniques de sa région d’origine. Il souhaite promouvoir l’e-sport et le rendre plus populaire. Une « community » est née dans les Cantons de l’Est.
L’association ne défend aucune position politique ou religieuse, elle défend la justice sociale et l’égalité. Tout le monde est traité de manière égale et équitable, indépendamment de sa race, de son sexe, de son âge, etc. Les membres d’E-Sports East Belgium doivent se conformer à ces règles. Tout manquement, que ce soit au sein de la communauté, d’une équipe ou vis-à-vis de tiers, sera sanctionné. L’association n’hésite pas à résilier sans préavis les contrats des membres. Les membres doivent également faire attention aux mots qu’ils utilisent dans les médias sociaux.
« Tout propos raciste, politiquement ou socialement désobligeant, ainsi que tout comportement agressif sur tout média ou plateforme sociale, est strictement condamné par ESEB (European Society for Evolutionary Biology) et entraînera la résiliation directe du contrat et l’exclusion des membres concernés. Nous nous réservons le droit d’engager des poursuites judiciaires », a déclaré Kevin Parmentier.
L’objectif principal de l’association est de promouvoir l’e-sport dans la Communauté germanophone de Belgique et au-delà. La Communauté germanophone dispose de nombreux talents dans le domaine du sport électronique. E-Sports East Belgium souhaite promouvoir de tels talents. Les membres de l’association atteignent cet objectif de différentes manières. Ils font de la publicité, organisent des tournois et participent à des championnats au niveau de l’association. Bien que la priorité soit donnée à la pratique des jeux vidéo et à l’encouragement des personnes, la prévention des dangers, comme les comportements addictifs, est également abordée. Des présentations sont organisées dans les écoles, car de nombreux joueurs sont encore scolarisés.
Enfin, l’accent est également mis sur la composante sociale de la « liste des choses à faire ». Les rencontres sous forme d’événements hors ligne et de tournois renforcent l’empathie et la cohésion entre les joueurs. Personne n’est exclu et la publicité permet de recruter de nouveaux membres. Des activités de groupe, telles que des excursions à des événements, sont également organisées.
Arsen Karapetyan
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Interview mit Kevin Parmentier
Pensez-vous que l’e-sport soit un sport ? Pourquoi/pourquoi pas ?
Oui et non. D’une part, l’e-sport n’a pas la composante physique du sport et ne serait donc pas directement assimilable à un sport. Mais d’autre part, l’e-sport apporte de nombreuses composantes nécessaires à tout sport. Vitesse de réaction, intelligence, esprit d’équipe, ambition, communication, etc. Si l’on définit comme sport des « disciplines » telles que les échecs, où la composante physique est également absente, alors il faudrait définitivement envisager de faire reconnaître les e-sports comme un sport.
Quand et pourquoi E-Sports East Belgium a-t-il été créé ?
E-Sports East Belgium a été fondée en tant qu’association de fait le 19 mai 2017. Toutefois, des tournois ont déjà été organisés sous ce nom dans le cadre de diverses compétitions. L’inscription d’E-Sports East Belgium au registre national belge en tant qu’association sans but lucratif a eu lieu le 31 janvier 2018. En tant qu’ancien joueur compétitif, le contact avec l’e-sport a toujours été présent. Dès l’âge de 13 ans, j’ai participé à mes premiers tournois en ligne. Après avoir participé au Halo World Championship à Londres en février 2017, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière compétitive pour des raisons de temps et d’investir mon attention dans une nouvelle idée.
Après mûre réflexion et après de nombreuses discussions avec des personnes du milieu de l’e-sport, l’idée de créer une « community » dans les Cantons de l’Est a donné naissance à l’association de fait « E-Sports East Belgium ». L’idée de combiner mes études avec l’un de mes hobbies préférés a sans doute été la raison principale de cette création. En tant que « manager général » diplômé et avec la motivation d’encourager les jeunes sportifs électroniques dans ma région d’origine, la première idée de créer une « community » des Cantons de l’Est a donc rapidement germé. Après deux semaines de réflexion à l’issue de la HWC de Londres et de nombreux entretiens avec des représentants des plus grandes fédérations d’e-sport, comme FAB Games E-Sports ou Evil Geniuses à Londres, le « lancement » officiel de l’organisation a eu lieu le 19 mars 2017 via Facebook.
Quels sont les objectifs actuels d’E-Sports East Belgium ?
L’objectif de cette association est de promouvoir les sports électroniques (e-sports) dans la Communauté germanophone et au-delà. Il s’agit en particulier de soutenir et d’encourager les talents des Cantons de l’Est dans toutes les disciplines reconnues par l’ESL comme étant des sports électroniques. Pour ce faire, les moyens suivants sont mis à disposition à titre d’exemple : Publicité de toutes sortes, organisation de tournois, participation à des championnats au niveau des fédérations (ESL par exemple) et en dehors de celles-ci, etc. L’association peut réaliser ces objectifs seule ou en collaboration avec d’autres associations. Un autre objectif de l’organisation est la prévention des risques, tels que les comportements addictifs ou autres, liés aux sports électroniques. Cette prévention se fait par le biais d’un travail d’information, comme par exemple des présentations dans les écoles, des explications répétées sur les comportements addictifs, l’invitation d’experts, etc.
En outre, en cas de problèmes rencontrés par ses membres, « E-Sports East Belgium » cherche à établir un contact direct avec eux, à soutenir le membre concerné et, si nécessaire, à le mettre en contact avec des experts professionnels. L’association peut réaliser ces objectifs seule ou en collaboration avec d’autres associations.
Un dernier objectif d’« E-Sports East Belgium » est de mettre en avant la composante sociale du « sport électronique ». Pour ce faire, tous les moyens sont bons : publicité de toutes sortes, notamment sur les plateformes de médias sociaux, organisation de tournois, d’événements hors ligne et d’activités de groupe, participation à des championnats au niveau des associations (ESL & autres), etc. L’association peut réaliser ces objectifs seule ou en collaboration avec d’autres associations.
« E-Sports East Belgium » n’a pas de position politique ou religieuse, mais défend par son nom la justice sociale, l’égalité de traitement (race, sexe, âge, etc.) et le fair-play (sportif et social) et attend cette attitude de ses membres. Toute violation de cette attitude envers sa propre communauté, au sein d’une équipe ou envers des tiers, peut amener « E-Sports East Belgium » à résilier sans préavis le contrat avec un joueur ou une équipe jouant sous le nom « E-Sports East Belgium ». Tout propos raciste, politiquement ou socialement désobligeant, ainsi que tout comportement agressif sur tout média ou plateforme sociale, sera strictement condamné par ESEB et entraînera la résiliation directe du contrat et l’exclusion des membres concernés. Nous nous réservons le droit d’engager des poursuites judiciaires.
L’e-sport doit-il être encouragé dans les écoles ? Pourquoi/pourquoi pas ? Si oui, comment ?
Je pense que le terme « promotion » n’est pas celui qui devrait être associé aux sports électroniques à l’école pour le moment. Je n’exclus toutefois pas qu’à l’avenir, l’e-sport puisse être encouragé dans les écoles. Mais pour l’instant, l’accent devrait clairement être mis sur l’éducation. De nombreuses personnes ne voient encore dans les sports électroniques que le côté négatif ou un danger et ne sont pas informées. Bien sûr, les sports électroniques comportent des risques tels que l’addiction ou la perte d’activités sociales, mais ils ont aussi des propriétés positives et il convient d’informer objectivement sur les deux aspects des sports électroniques.
La politique est déjà sur la bonne voie pour analyser le sport électronique et définir le pour et le contre (voir la note du Parlement européen). L’intégration de ce thème dans le programme scolaire prévu par l’État serait une étape importante, même si le sujet n’était que brièvement abordé. Les présentations publiques ou les présentations dans les écoles constituent également un excellent moyen de sensibilisation.
Selon vous, l’e-sport a-t-il changé au fil des ans ?
L’e-sport a énormément évolué au fil des années. La plus grande preuve en est sans doute l’augmentation presque exponentielle des primes. Aujourd’hui, il n’est plus rare de voir des primes de plusieurs millions. Avec le développement constant d’Internet et sa vitesse, l’e-sport s’est vu offrir un nombre incroyable de possibilités ces dernières années. Aujourd’hui, il est possible de suivre des événements en direct, à tout moment et depuis n’importe quel endroit. La prochaine étape, qui est déjà en cours, sera l’intégration de l’e-sport dans les programmes télévisés.
Quel avenir attend l’e-sport selon vous ?
Pour l’instant, nous ne sommes effectivement qu’au début de l’histoire du sport électronique. Je pense que l’e-sport va continuer à se développer au cours des 10 prochaines années jusqu’à ce qu’il atteigne son apogée. Je pense que dans 10 ans, les noms des grandes associations d’e-sports seront aussi connus de tous que les noms des grands clubs de sport. Ce qui se passera ensuite est incertain.
Kevin Parmentier est l’initiateur d’E-Sports East Belgium. Les questions ont été posées par écrit par Arsen Karapetyan et Kevin Parmentier y a également répondu par écrit. Les réponses ont été reçues le 7 février 2018.
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L’e-sport est-il masculin ?
La plupart des joueurs sont en effet des hommes. Les filles et les femmes représentent une minorité (du moins jusqu’à présent). C’est aussi et surtout le cas dans les Cantons de l’Est. La proportion de fans féminines est toutefois en augmentation. Alors que les équipes professionnelles dans le domaine de l’e-sport sont en grande partie dominées par les hommes, près d’un tiers des fans sont des femmes. Pourquoi les filles et les femmes sont-elles nettement minoritaires ?
Nous pensons qu’il y a plusieurs raisons à cela. L’une d’entre elles est que, dans notre société, les loisirs sont commercialisés en fonction du sexe, conformément aux attentes et aux normes socialement reconnues. Les hommes sont généralement plus attirés par les jeux. L’e-sport est une culture marquée par les hommes, « qui préserve son statut par un habitus antisocial et technique et qui décourage – et doit décourager – surtout les femmes ». C’est ce qu’écrit Nina Scholz dans son livre Nerds, Geeks und Piraten – Digital Natives in Kultur und Politik (2014). L’un des arguments souvent avancés dans ce débat est que les femmes et les hommes ont des forces et des faiblesses différentes. Et cela inclut le fait que les femmes sont moins bonnes aux jeux vidéo. Cette hypothèse n’est pas étayée par des preuves. C’est plutôt une prophétie auto-réalisatrice. Pour faire ses preuves, une femme doit répondre à des critères nettement plus élevés. Les professionnels de l’e-sport sont pour la plupart des hommes. Les femmes qui ont un statut professionnel sont nettement sous-représentées. Elles gagnent beaucoup moins que les hommes. Par ailleurs, nous trouvons que des jeux comme le football sont nettement plus discriminatoires envers les femmes. Là aussi, il y a une différence de rémunération.
Alina (18 ans) et Aurélie (17 ans), élèves à l’école épiscopale de Saint-Vith, déclarent à ce sujet : « Nous n’avons pas souvent été en contact avec les sports électroniques dans notre vie. Dès le début, il était clair pour nous que nous n’étions pas intéressées par les jeux en ligne. Nous ne comprenons pas comment on peut investir autant de temps dans un monde qui n’est pas réel. De plus, nous ne dépenserions pas d’argent pour de tels jeux, car cela ne fait pas partie de nos priorités. Cependant, nous ne voyons pas cela de manière totalement négative, car chacun est libre de choisir ses loisirs, tant que le monde virtuel ne prend pas le pas sur le monde réel. »
Ellen Gommes, Fanny Roche, Aurélie Serexhe, Alina Plattes
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Les Cantons de l’Est sont-ils à la traîne en matière d’e-sport ?
Oui, dans une certaine mesure. On sent la différence entre le centre et la périphérie. Et les Cantons de l’Est sont clairement à la périphérie. Dans les villes, il se passe donc beaucoup plus de choses dans le domaine de l’e-sport. L’Eifel en particulier a un problème d’infrastructure de communication. L’Internet rapide permettant de jouer en ligne n’est pas disponible partout – un véritable désavantage pour le site. Globalement, la Belgique et l’Europe de l’Ouest sont à la traîne par rapport aux autres régions du monde. Alors que l’e-sport est en train de devenir un sport populaire en Asie, l’Europe voit les choses différemment. Le meilleur exemple en est le jeu League of Legends.
Des pays comme l’Allemagne et la Belgique, qui comptent un grand nombre de joueurs amateurs, de fans de sport électronique et de professionnels du sport électronique, ne reconnaissent pas ce dernier comme un véritable sport. Cela frustre de nombreuses personnes concernées, car elles estiment que l’e-sport doit être considéré comme un véritable sport et être encouragé. Dans les Cantons de l’Est, l’e-sport est encore assez peu connu. L’association en est encore à ses balbutiements. Toutefois, les membres d’E-Sports Ostbelgien ont été plus souvent présents dans les médias locaux.
Arsen Karapetyan, Simon Heck
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Pourquoi joue-t-on à cela ?
Bruno (17 ans), un élève de l’école épiscopale de Saint-Vith, répond : « Il y a plusieurs raisons à cela. Le plaisir est la raison principale pour laquelle les jeunes jouent autant à ces jeux. Mais il y a aussi l’expérience sociale, le sentiment d’appartenance à un groupe, le sentiment de réussite. »
Noah Chavet, membre de E-Sports East-Belgium, déclare dans une interview :
Kevin Parmentier, fondateur de E-Sport East-Belgium, dit dans une Interview (en allemand) :