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Traces du changement

Le boom des centres de fitness

6.09.2022
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En 2017, pas moins de 10,61 millions d’Allemands ont fait du sport dans 9 000 centres de fitness. Ces salles ont ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros (1). Il s’agit d’un record. Les chiffres pour la Belgique ne sont pas disponibles. Dans l’Eifel belge, le sport en centre de fitness connaît également un large succès depuis quelques années.

Les films américains Rambo (à partir de 1982), Terminator (à partir de 1984) ou la série Baywatch (à partir de 1989) reflétaient de la première vague de fitness, de bodybuilding et d’aérobic des années 1980. En 1986, Paul-Rainer Gillessen, alors instructeur de sport dans les forces armées belges, ouvrit sa cave d’entraînement à Saint-Vith au public (« Vita Sport »). L’offre d’entraînement s’est progressivement étendue du bodybuilding à l’aérobic en passant par les exercices de cardio. En 2003, l’« Injoy » a été construit dans la Rodter Straße et ouvrit ses portes en janvier 2004. Depuis 2013, il porte le nom d’« emotion ».

Au cours des années 2010, une deuxième grande vague de fitness a vu le jour. Instagram et Youtube ont marqué dans le monde entier un nouveau culte du corps Do-it-yourself (DIY) : Le corps en tant que forme individuellement modelable a fasciné des millions de personnes. Le 23 août 2010, le centre de fitness « Medifit » a ouvert ses portes dans le domaine de Bütgenbach. Le 2 mars 2015, l’« EMS Vitallounge » (depuis le 1er janvier 2017 dans la Luxemburger Straße) et le 1er septembre 2017 le « Spartan Sports » dans la Malmedyer Straße ont suivi à Saint-Vith. Quatre centres de fitness pour environ 31.000 habitants.

Comment cette offre transforme-t-elle le paysage sportif de l’Eifel belge ? Interrogés, les opérateurs ont tous indiqué qu’ils ne se considéraient pas comme des concurrents des clubs de sport (2). De nombreux utilisateurs souhaitent faire du sport à leur rythme, de manière individuelle et encadrée, ou trouver une compensation ou un complément ciblé à leur sport en club. De plus, il existe une bonne collaboration avec de nombreux clubs sportifs. L’entraînement de santé occupe également une place importante.

Il y a 150 ans, il n’y avait pratiquement pas de club de sport dans la région. Les clubs de gymnastique sont apparus dans le dernier quart du 19ᵉ siècle. Les clubs de cyclisme et de football ont suivi depuis l’entre-deux-guerres. Le boom des clubs sportifs a ensuite commencé à partir des années 1960. La construction de nombreuses salles de sport et de terrains de sport dans les années 1970 a encore augmenté les possibilités. La plupart des infrastructures étaient gérées par des associations. Désormais, la majorité des habitants de l’Eifel pratiquaient le sport en club. Le sport individuel était plutôt l’exception.

Le sport dans les salles de fitness permet toutefois une expérience sportive fondamentalement individuelle, totalement détachée des structures associatives : l’utilisation de l’infrastructure est payée par un abonnement, aucune contribution personnelle bénévole n’est exigée, les autres sportifs permettent – par exemple lors de l’entraînement commun – des contacts sociaux, mais ceux-ci ne sont plus une condition nécessaire.

À moyen terme, cette offre changera la vision qu’ont les habitants de l’Eifel du sport, du fitness et des conditions sociales qui y sont liées. Les réactions des clubs détermineront s’ils pourront utiliser cette nouvelle offre comme une force ou s’ils en souffriront. Même si l’histoire du fitness dans l’Eifel belge est récente, elle montre à quel point notre société est en train de changer.

Carlo Lejeune
Tiré de ZVS, 2019/09, p. 208-209.

(1) Pour les derniers chiffres, voir FAZ, 11.4.2018, p. 21.

(2) E-mail de Spartan Sports du 12/12/2018, EMS-Vitallounge du 28/11/2018 et d’Emotion-Fitness du 12/12/2018.