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Bonjour Eupen, êtes-vous prêts ?

7.09.2022
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« Bonjour Eupen! Hubert Jenniges, êtes-vous prêt ? » dit une voix féminine avant que le studio bruxellois de la radio belge ne passe le relais au journaliste Hubert Jenniges qui commença la retransmission en direct du Conseil de la Communauté culturelle allemande par ces mots : « Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, 23 octobre [note de l’auteur 1973], la Communauté linguistique et culturelle allemande franchit une étape très importante sur la voie de l’autonomie culturelle. Aujourd’hui, en cette fraîche journée d’octobre, nous allons assister, ici à Eupen, et vous, Mesdames et Messieurs, dehors, aux haut-parleurs, à la première réunion constitutive du Conseil de la Communauté culturelle allemande nouvellement créé » (1).

Mais Eupen était-elle prête ? Les avis divergeaient à ce sujet. Michel Louis, sénateur libéral (1968-1971) et vétérinaire de Saint-Vith, était fermement convaincu que les Belges germanophones étaient tout à fait prêts. Il réclama au Sénat des pouvoirs étendus pour le Conseil de la communauté culturelle allemande. Il plaidait en outre pour que le Conseil, ses pouvoirs et son mode d’élection soient inscrits dans la Constitution, afin qu’ils ne puissent pas être abolis par une simple loi.

Willy Schyns, député chrétien-social de La Calamine, exprima un avis contraire : « Je ne peux tout simplement pas m’imaginer que le conseil culturel de notre région soit élu directement par le peuple. Certes, on peut considérer cette possibilité comme une formule très démocratique, mais si l’on tient compte de la spécificité de notre région et si l’on considère également l’histoire de notre région avec tous les pour et les contre qui se sont déroulés dans la région au cours des 50 dernières années, je suis d’avis que l’on rend un très mauvais service à la partie germanophone de la Belgique si l’on dit : le peuple doit élire lui-même les membres du Conseil culturel. » (2)

Le parti socialiste (PSB), souvent représenté par Germaine Copée-Gerbinet de Verviers, se prononça également contre l’élection et les pouvoirs étendus du Conseil.

Schyns et le PSB durent finalement céder sous la pression des jeunes sections CSP de l’Eifel et de la concurrence croissante du PDB. Johann Weynand prêta serment en tant que premier président du Conseil de la Communauté culturelle allemande en ce 23 octobre 1973 plutôt frisquet. L’autonomie des Belges germanophones était là. L’avenir le montra : Eupen était instruite et prête.

Vitus Sproten
ZVS, 2017/10, p. 227-228.

(1): Archives sonores de la BRF: Einsetzung des Rates der Deutschsprachigen Kulturgemeinschaft Teil 1/2, B1RM_0033, 23. Oktober 1973.

(2): Archives sonores de la BRF: Reaktion des CSP-Abgeordneten Willy Schyns auf diese Billigung (Wahl deutscher Kulturrat), B1RM_0005, 4 mai 1970.

Suggestion de lecture

Christoph Brüll, Freddy Cremer und Werner Mießen, « ’Hilf dir selbst, so hilft dir Gott !’ Verzerrende Geschichtsbilder und fehlendes Selbstbewusstsein », in Carlo Lejeune, Christoph Brüll (dir.), Grenzerfahrungen. Eine Geschichte der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens, tome 5: Säuberung, Wiederaufbau, Autonomiediskussionen (1945-1973),Eupen 2014, p. 46-104.