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Les Cantons de l'Est pour les débutants

La Bataille des Ardennes (1944)

30.08.2022
  • Labo
  • Les Cantons de l'Est pour les débutants

En septembre 1944, l’armée américaine faisait son entrée dans les actuels Cantons de l’Est. Il n’y avait pas de population en liesse le long des routes. Le sentiment d’insécurité était grand. Plusieurs centaines de citoyens avaient fui vers l’Allemagne. Des groupes de résistance belges commencèrent à traquer les collaborateurs réels ou supposés. En décembre, l’armée allemande tenta une dernière fois de repousser les troupes alliées dans les Ardennes belges.

De nombreuses localités du sud des Cantons de l’Est ont été en grande partie détruites. La petite ville de Saint-Vith, centre ferroviaire important, a été complètement réduite en cendres par deux raids aériens.

  • Michel_Pauly
    Michel Pauly
Son avis :

« Dans la culture mémorielle luxembourgeoise, en ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale, il s’agit plutôt d’une fuite collective dans le rôle de victime et souvent aussi dans celui de héros. Dans les années qui ont suivi directement la guerre, lorsque le gouvernement luxembourgeois d’avant-guerre est rentré au pays de son exil à Londres après la libération du Luxembourg, il s’est retrouvé face à un pays transformé : outre de nombreux groupes de résistants qui reprochaient au gouvernement sa fuite en exil comme une trahison de la nation, exigeaient sa démission et revendiquaient un droit de regard politique direct, il fallait encore faire face, deuxièmement, à plus de 10.000 enrôlés de force luxembourgeois qui avaient été contraints de servir dans les forces armées allemandes à partir de 1942 et dont on craignait le retour, car ils auraient pu se sentir abandonnés par le gouvernement et formuler des revendications similaires à celles des groupes de résistance, voire être en mesure de faire pire. Troisièmement, il fallait faire face à un pays dévalisé, dont un tiers était complètement détruit, et quatrièmement, au jugement de quelques milliers de citoyens accusés de collaboration avec l’ennemi, dont beaucoup s’étaient réfugiés en Allemagne en 1944.

Pour éviter que le pays ne se déchire dans l’après-guerre à cause des nombreux antagonismes sociaux, des actions paradoxales ont été entreprises : d’un côté, lors des procès, la majorité des accusés ont été reconnus coupables de collaboration. Certes, il y eut aussi 11 condamnations à mort et quelques dizaines d’entre eux durent renoncer à leur nationalité luxembourgeoise et quitter le pays, mais les peines fixées au départ furent très rapidement allégées afin de réduire la part des peines lourdes, d’amadouer les accusés et leurs proches, d’éviter un nouveau chaos. D’autre part, pour se débarrasser de l’opposition politique des groupes de résistants, on discrédita leurs actions pendant la guerre en déclarant officiellement que chaque Luxembourgeois avait activement résisté. Le gouvernement laissa les enrôlés de force luxembourgeois capturés par les Russes croupir encore un peu, et beaucoup d’entre eux moururent après la guerre, dans l’intention d’éviter qu’un trop grand nombre d’entre eux ne rentre au pays et ne provoque un nouveau chaos. Dans les décennies d’après-guerre, le rôle de victimes collectives des enrôlés de force a été officiellement reconnu par le versement d’une réparation unique.

On pourrait dire, de manière outrancière, qu’il en a résulté une culture mémorielle qui a permis de se retrancher dans le rôle de victimes héroïques, avec beaucoup de mythes et de clichés qui rendent le travail historique très difficile. »

Dans le sud des Cantons de l’Est, ce sont surtout les grandes destructions causées par la guerre qui restèrent gravées dans la mémoire des habitants. Dans leurs histoires, ils se voyaient eux-mêmes dans le rôle de victimes : victimes de cette offensive mortelle et de la guerre. Le fait que de nombreux citoyens, par leur indifférence ou leur participation, par leur naïveté et leurs dénonciations, par leur opportunisme et leur aveuglement, avaient également soutenu le système meurtrier de l’État nazi en tant qu’auteurs, a été largement occulté par cette vision jusque dans les années 1980.

  • Adeline_Moons
    Adeline Moons
  • Jeroen Petit
Son avis :

« En Flandre aussi, on peut observer cette acceptation des charges négatives de l’histoire par une jeune génération. Une discussion sur les horreurs de la période nazie s’engage également peu à peu en Flandre. Toutefois, cette discussion sur l’histoire ne devrait pas être utilisée pour remettre en question nos racines ou, par exemple, pour remettre en question le mouvement flamand dans son ensemble. »